Votée le 22 avril 2005, la loi Leonetti précise les droits des patients et organise les pratiques à mettre en œuvre quand la question de la fin de vie se pose. Elle est donc très importante.
Les points principaux sont les suivants:
- Chacun peut exprimer par avance ses souhaits pour organiser ses derniers moments
- Le malade a le droit de refuser un traitement jugé « déraisonnable »
- Le médecin doit tout mettre en œuvre pour soulager la douleur
1- Chacun peut exprimer par avance ses souhaits pour organiser ses derniers moments .
En rédigeant ses directives anticipées, en désignant une personne de confiance, en faisant intégrer ces éléments dans le dossier médical.
Ecrire les directives anticipées
La loi permet de donner par avance des instructions sur la conduite à tenir en matière de limitation d’un traitement pour le cas où le patient serait dans l’incapacité d’exprimer sa volonté.
Ces directives sont valables pour une durée de trois ans.
Elles sont modifiables et révocables à tout moment.
Elles doivent être inscrites dans le dossier médical.
Désigner une personne de confiance
La loi permet de désigner une personne de confiance qui devient le représentant du malade auprès du médecin , lequel devra recueillir son avis avant toute décision.
Son nom doit également figurer dans le dossier médical du patient.
2- L’arrêt des soins et de l’acharnement thérapeutique
Qui décide de ce qui est ou pas acharnement thérapeutique ?
- Le malade, s’il est conscient
- Le médecin, en s’appuyant sur une procédure collégiale
Le malade, s’il est conscient, et s’il le souhaite, a le droit de refuser un traitement qui conditionne son maintien en vie. Dans ce cas, le médecin doit l’écouter, l’informer des conséquences de l’arrêt du traitement – la mort- et lui accorder un délai de réflexion. Si le patient persiste, le médecin a l’obligation de respecter sa décision et de mettre en place des soins palliatifs.
S’il n’est pas conscient , le médecin décidera en fonction d’une procédure collégiale incluant un autre médecin, l’équipe soignante, la personne de confiance, et la prise en compte des directives anticipées s’il y en a. Si le traitement du patient est considéré comme de l’obstination déraisonnable il pourra être arrêté.
3- L’obligation de soulager la douleur
Dans tous les cas d’arrêt de traitement, la loi fait très clairement obligation au médecin de soulager la douleur , de respecter la dignité du patient et d’accompagner ses proches.
La loi Leonetti (article 2) permet d’utiliser des médicaments pour limiter la souffrance des patients en fin de vie , même s’il existe un risque d’abréger leur existence. Le patient ou son entourage, doit en être informé et l’intention du praticien doit être consignée clairement dans le dossier médical.
Le médecin peut aussi recourir à des produits sédatifs (faisant perdre conscience ) pour soulager son patient dans certaines situations exceptionnelles. La pratique de la sédation n’est jamais responsable de la mort qui survient, si elle doit survenir, en raison de l’évolution de la maladie. C’est ce qui la différencie fondamentalement des pratiques d’injection létales qui provoquent artificiellement la mort.
Vous trouvez ci- dessous le texte de loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie ( loi LEONETTI)
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article 1er
Après le premier alinéa de l’article L. 1110-5 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Ces actes ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris. Dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. »
Article 2
Le dernier alinéa de l’article L. 1110-5 du code de la santé publique est complété par deux phrases ainsi rédigées : « Si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie, il doit en informer le malade, sans préjudice des dispositions du quatrième alinéa de l’article L. 1111-2, la personne de confiance visée à l’article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie est inscrite dans le dossier médical. »
Article 3
Dans la deuxième phrase du deuxième alinéa de l’article L. 1111-4 du code de la santé publique, les mots : « un traitement » sont remplacés par les mots : « tout traitement ».
Article 4
Le deuxième alinéa de l’article L. 1111-4 du code de la santé publique est complété par quatre phrases ainsi rédigées : « Il peut faire appel à un autre membre du corps médical. Dans tous les cas, le malade doit réitérer sa décision après un délai raisonnable. Celle-ci est inscrite dans son dossier médical. « Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. »
Article 5
Après le quatrième alinéa de l’article L. 1111-4 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Lorsque la personne est hors d’état d’exprimer sa volonté, la limitation ou l’arrêt de traitement susceptible de mettre sa vie en danger ne peut être réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et sans que la personne de confiance prévue à l’article L. 1111-6 ou la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne, aient été consultés. La décision motivée de limitation ou d’arrêt de traitement est inscrite dans le dossier médical. »
Article 6
Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 1111-10 ainsi rédigé : « Art. L. 1111-10. − Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix. La décision du malade est inscrite dans son dossier médical. . « Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. »
Article 7
Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 1111-11 ainsi rédigé : « Art. L. 1111-11. − Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement. Elles sont révocables à tout moment. « A condition qu’elles aient été établies moins de trois ans avant l’état d’inconscience de la personne, le médecin en tient compte pour toute décision d’investigation, d’intervention ou de traitement la concernant. « Un décret en Conseil d’Etat définit les conditions de validité, de confidentialité et de conservation des directives anticipées. »
Article 8
Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 1111-12 ainsi rédigé : « Art. L. 1111-12. − Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause et hors d’état d’exprimer sa volonté, a désigné une personne de confiance en application de l’article L. 1111-6, l’avis de cette dernière, sauf urgence ou impossibilité, prévaut sur tout autre avis non médical, à l’exclusion des directives anticipées, dans les décisions d’investigation, d’intervention ou de traitement prises par le médecin. »
Article 9
Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 1111-13 ainsi rédigé : « Art. L. 1111-13. − Lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, est hors d’état d’exprimer sa volonté, le médecin peut décider de limiter ou d’arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne, après avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et consulté la personne de confiance visée à l’article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne. Sa décision, motivée, est inscrite dans le dossier médical. « Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. »
Article 10
I. − Après l’article L. 1111-9 du code de la santé publique, il est inséré une division ainsi rédigée : « Section 2. − Expression de la volonté des malades en fin de vie ». II. − Avant l’article L. 1111-1 du même code, il est inséré une division ainsi rédigée : « Section 1. − Principes généraux ». III. − Dans la première phrase de l’article L. 1111-9, les mots : « du présent chapitre » sont remplacés par les mots : « de la présente section ». Article 11
Après le premier alinéa de l’article L. 6114-2 du code de la santé publique, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « Ils identifient les services au sein desquels sont dispensés des soins palliatifs et définissent, pour chacun d’entre eux, le nombre de référents en soins palliatifs qu’il convient de former ainsi que le nombre de lits qui doivent être identifiés comme des lits de soins palliatifs. »
Article 12
Après l’article L. 6143-2-1 du code de la santé publique, il est inséré un article L. 6143-2-2 ainsi rédigé : « Art. L. 6143-2-2. − Le projet médical comprend un volet “activité palliative des services”. Celui-ci identifie les services de l’établissement au sein desquels sont dispensés des soins palliatifs. Il précise les mesures qui doivent être prises en application des dispositions du contrat pluriannuel mentionné aux articles L. 6114-1 et L. 6114-2. « Les modalités d’application du présent article sont définies par décret. »
Article 13
I. – Après la première phrase de l’article L. 311-8 du code de l’action sociale et des familles, il est inséré une phrase ainsi rédigée : . « Le cas échéant, ce projet identifie les services de l’établissement ou du service social ou médico-social au sein desquels sont dispensés des soins palliatifs et précise les mesures qui doivent être prises en application des dispositions des conventions pluriannuelles visées à l’article L. 313-12. » II. – Les modalités d’application du présent article sont définies par décret.
Article 14
Le I de l’article L. 313-12 du code de l’action sociale et des familles est complété par une phrase ainsi rédigée : « La convention pluriannuelle identifie, le cas échéant, les services au sein desquels sont dispensés des soins palliatifs et définit, pour chacun d’entre eux, le nombre de référents en soins palliatifs qu’il convient de former ainsi que le nombre de lits qui doivent être identifiés comme des lits de soins palliatifs. »
Article 15
En application du 7o de l’article 51 de la loi organique no 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances, une annexe générale jointe au projet de loi de finances de l’année présente tous les deux ans la politique suivie en matière de soins palliatifs et d’accompagnement à domicile, dans les établissements de santé et dans les établissements médico-sociaux.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat. Fait à Paris, le 22 avril 2005.